La Maison Carrée de Nîmes et le temple de Garni en Arménie : pourquoi ce jumelage ?
La Maison Carrée de Nîmes et le temple de Garni en Arménie : pourquoi ce jumelage ?
Après l’inscription de son temple romain au Patrimoine mondial, la Ville de Nîmes poursuit ses actions internationales de « partage et de transmission ».
C’est la Ministre de la Culture qui en fait elle-même l’annonce sur son compte *X (*anciennement Twitter). En déplacement le 27 octobre dernier, Rima Abdul Malak publiait ainsi : « Le patrimoine en Arménie témoigne aussi de la période hellénistique, avec le Temple de Garni construit en 77 après J.C. Nous annonçons aujourd’hui son jumelage avec la Maison Carrée de Nîmes, inscrite au Patrimoine de l’Unesco. »
La Ministre de la Culture s’est rendue en Asie occidentale, dans la capitale arménienne Erevan notamment, pour y rencontrer le Premier Ministre Nikol Pachinian et évoquer la célébration de l’année de l’Arménie en France, en 2024. Un événement auquel la Ville de Nîmes sera donc associée, au travers de ce nouveau jumelage.
« Comme nous le faisions déjà avant l’inscription de la Maison Carrée, nous poursuivons nos partages d’expérience sur les questions patrimoniales, souligne Mary Bourgade, Adjointe déléguée à l’Inscription Unesco, au Patrimoine antique et à la Coopération internationale décentralisée. Nous restons investis en faveur du partage et de la transmission, notamment auprès de pays qui peuvent avoir des difficultés ou moins d’expérience pour la protection de leur patrimoine. C’est très important pour nous. »
Depuis 2019 par exemple, Nîmes et Menjez, au Liban, qui est inscrit dans une candidature au Patrimoine mondial pour son complexe mégalithique unique dans la région (« le Stonehenge oriental »), ont noué des relations de coopération. Mary Bourgade s’était d’ailleurs rendu là-bas en voyage d’études ; des représentants libanais étaient à leur tour venus à Nîmes en février dernier. Les travaux en commun se poursuivent.
Mary Bourgade : « Montrer aux Arméniens que nous sommes avec eux »
De la même manière, Mary Bourgade devrait se rendre prochainement en Arménie pour nouer les liens de ce jumelage naissant entre la Maison Carrée et le temple de Garni. Un projet qui avait déjà été évoqué au mois de juin lorsque, aux côtés du Maire Jean-Paul Fournier, l’élue avait rencontré la Ministre Rima Abdul Malak à Paris à quelques semaines de la session du Comité du Patrimoine mondial qui a inscrit le monument antique nîmois.
Le temple de Garni, quésaco ?
Ce temple là n’est pas romain, mais grec. Le Temple de Garni (photo © Gnvard – Creative commons), situé dans le village éponyme, est le seul temple hellénistique encore visible en Arménie. C’est d’ailleurs le plus connu de l’époque préchrétienne dans le pays. Comme la Maison Carrée de Nîmes, la première structure de l’édifice a probablement été construite au premier siècle de notre ère.
Il est souvent présenté comme dédié au dieu soleil Mithra, mais cela est incertain. Selon certains historiens, il ne s’agit pas d’un temple mais d’un tombeau et c’est pourquoi il a survécu à la destruction générale des anciens édifices païens. Lors du tremblement de terre de 1679 en Arménie, le temple s’est entièrement effondré. Dans les années 1969-1975, il a été reconstruit en utilisant les éléments retrouvés sur place.
« La direction du Patrimoine du ministère de la Culture m’avait ensuite contacté pour ce jumelage patrimonial, révèle-t-elle. Nous avons tout de suite répondu favorablement pour aider les Arméniens, notamment dans leur démarche de candidature Unesco, qui en est à ses prémices. C’est une manière de leur montrer que nous sommes avec eux. »
Par Mathieu Lagouanère