JEAN JAURES ET L'ARMENIE - MONSIEUR LE PRESIDENT : QUI A-T-IL CHANGE AU QUAI D'ORSAY DEPUIS LES DECLARATIONS DE JAURES

MONSIEUR LE PRESIDENT : QUI A-T-IL CHANGE AU QUAI D’ORSAY DEPUIS LES DECLARATIONS DE JAURES, IL Y A PLUS D’UN SIECLE ? DEPUIS, JE RAPPELLE QU’UN GENOCIDE EST PERPETRE PAR LES MEMES TURCS ET CELA CONTINUE aujourd’hui !

SERIONS-NOUS DEVENUS AMNESIQUES ?

Jean Jaurès et l’Arménie

Ce 30 octobre 1896. Depuis des heures déjà Jaurès travaille dans la petite pièce, dans l’appartement du 27 de la rue Madame, lui sert de bureau.

Sur la table en bois blanc, des livres, des journaux, des brochures, des feuilles en vrac couvertes de l’écriture rapide et sensible de Jaures.

Ce matin, il a presque la nausée. C’est la fin du mois d’octobre 1896. Il a tout lu ce qui a été publié sur la politique du sultan turc à l’égard des Arméniens. Il a rassemblé les temoignages, horribles. Il est déjà intervenu à la chambre sur ce sujet, mettant en question la politique étrang-re de la France et le silence complice dont elle entoure les crimes turcs. Il va parler à nouveau.

Plus tard, le déjeuner pris, rapidement, Jaurès se rend à la Chambre des députés à pied.
Attention vive à ce spectacle de la rue. Une blanchisseuse, une femme qui vend des fleurs, des mendiants, les omnibus qui passent (on en compte 1200 en 1897), les bicyclettes aussi qui se répandent (presque 500 000 déjà la même année). Lucien Herr qui en vante les mérites, qui se rend ainsi à la campagne, chez l’un ou l’autre de ses amis. Andler, Monod, ou chez ce jeune normalien brillant, dont il parle souvent, Léon Blum, l’un des animateurs de la Revue blanche, cette publication où écrivent quelques auteurs interressants, Jules renard, Mallarmé, d’autres d’avant-garde.

Jaurès marche avec cette concentration qui lui donne un air de gravvité. Il lit la rue, ses affiches qui annoncent qu’on joue Ubu Roi, ou qui se tient l’Exposition du Cycle et de l’Automobile, qu’après Cyrano de Bergerac (décembre 1897) on donnera du même Edmond Rostand la Samaritaine et qu’on annonce de Gogol le Revizor. Dans la vitrine d’une librairie, les livres de Francis Jammes et sur les bancs des marchands de journaux, les gros titres de l’Echo de Paris, de l’Eclair, du Matin, du Figaro. Rien . Dans la presse pas un mot de ce qui préoccupe Jaurès en ce moment, de ce qui va faire le contenu des discours qu’il doit prononcer, dans quelques heures, ce 3 novembre 1896, de ce qui se passe là-bas, en Arménie, qui le révolte, les images insupportables qui le hantent et qu’il décrira du haut de la tribune du Palais-Bourbon :

« Les femmes enceintes éventrées et leurs fœtus embrochés et promenés au bout des baïonnettes ; et des filles distribuées entre les soldats turcs et les nomades kurdes et violées jusqu’à ce que les soldats ayant épuisées d’outrages les fusillent enfin en un exercice monstrueux de sadisme avec des balles partant du bas ventre et passant au crâne, le meurtre s’essayant à la forme du viol ; et le soir auprès des tentes…Voilà ce qui a été ignominieusement placées entre leurs cuisses… Voilà ce qui a été fait, voilà ce qu' a vu l’Europe, voilà ce dont elle s’est détournée…

La violence et le réalisme des mots laissent la Chambre des députés médusée.

Que répondre quand Jaurès rappelle que la presse se tait, que le silence du gouvernement est inadmissible, qu’il « y a un siècle l’Europe entière n’eût pas hésité à faire appel à la France et que la France eût répondu » ? Et Jaurès annonce qu’il ne laissera pas l’oubli s’établir, qu’il parlera autant qu’il faudra. Et en effet, dans les emaines qui suivent, il interviendra à trois reprises.

Jaurès est assassiné le 31 juillet 1914 (un an avant le génocide arménien perpétré par la Turquie ottomane) par un certain monstre appelé : « Villain »

Jaurès a marqué tous les grands combats de la fin du 19ème siècle et celui du début du 20ème.

Jaurès repose au Panthéon depuis le 23 novembre 1924.
Lors d’une cérémonie grandiose, les mineurs de Carmaux porteront le cerceuil de Jaurès du Palais-Bourbon jusqu’au Panthéon.

Serge TATEOSSIAN Le 14/09/2022 - EVREUX
Source : Le Grand Jaurès (Biographie) de l’historien Max Gallo édition Robert Lafont 1984 Paris


Un Génocide est singulier.
Un Génocide impuni, se répète.
Justice pour le peuple arménien,
Justice pour l’Humanité.