Le Parlement suisse demande à son gouvernement d’organiser un forum international de paix sur le conflit du Karabakh
Le Parlement suisse demande à son gouvernement d’organiser un forum international de paix sur le conflit du Karabakh
Des législateurs suisses ont déposé une motion demandant l’organisation par le Conseil fédéral suisse d’un forum international de paix sur le conflit du Haut-Karabakh.
« L’objectif est de faciliter un dialogue ouvert entre l’Azerbaïdjan et les représentants des Arméniens du Haut-Karabakh, mené sous supervision internationale ou en présence d’acteurs internationaux pertinents, afin de négocier le retour collectif et en toute sécurité de la population arménienne résidant historiquement dans le pays », peut-on lire dans le texte de la motion soumise au parlement suisse par la commission des affaires étrangères du Conseil national.
La justification de la motion mentionne que le Haut-Karabakh a été vidé de sa population arménienne depuis la dernière avancée militaire de l’Azerbaïdjan en septembre 2023.
« Craignant un nouveau génocide comme celui perpétré contre les Arméniens en 1915, la population historique a été forcée de quitter sa patrie en quelques jours. Depuis, la région a été le théâtre d’un nettoyage ethnique documenté : Le patrimoine culturel arménien, tel que les églises, les monastères et les cimetières, est systématiquement détruit ou réinterprété à l’aide de faux documents historiques sous couvert de « rénovation ».
Malgré ces graves développements, les Arméniens du Haut-Karabakh maintiennent leur désir de retourner dans leur patrie avec des garanties de sécurité de la part de la communauté internationale, de déterminer leur propre avenir politique et d’exercer une autonomie démocratique.
« La communauté internationale a pris position à plusieurs reprises. Le 17 novembre 2023, la Cour internationale de justice (CIJ) a statué que l’Azerbaïdjan était tenu d’assurer le « retour sûr, sans entrave et rapide » de la population arménienne du Haut-Karabakh et d’empêcher tout déplacement futur par la force ou l’intimidation (voir CIJ, Doc. n° 180-20231117-ORD-01-00-FR). Le Parlement européen a adopté le 12 mars 2024 une résolution appelant l’Azerbaïdjan à engager un dialogue global et transparent avec les Arméniens du Karabakh. L’objectif est de respecter leurs droits, de garantir leur sécurité et de leur permettre de retourner chez eux sous présence internationale (voir la proposition de résolution commune RC-B9-0163/2024, paragraphe 14).
« Le groupe de Minsk de l’OSCE, qui a été chargé de la médiation jusqu’à présent, est fortement limité dans sa capacité à agir en raison des tensions géopolitiques. Cela souligne la nécessité d’un nouveau format de négociation pour résoudre le conflit de manière pacifique et protéger les droits de la population arménienne du Haut-Karabakh.
« La Suisse a déjà agi avec succès en tant que médiateur neutre dans des conflits internationaux à plusieurs reprises par le passé. Plus récemment, le Conseil fédéral a accueilli une conférence de paix sur l’Ukraine au Bürgenstock en juin 2024. En octobre 2009, les « Protocoles de Zurich » ont été signés entre l’Arménie et la Turquie sous la médiation de la Suisse, dans le but de normaliser les relations bilatérales. La conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey a même reçu la médaille d’honneur de l’Arménie pour son engagement.
« Compte tenu de l’étroite collaboration entre la Suisse et l’Azerbaïdjan dans le domaine de la politique énergétique, il est dans l’intérêt économique de la Confédération suisse de promouvoir une paix durable et stable dans la région. Cela inclut notamment le rétablissement des droits fondamentaux de la population du Haut-Karabakh. Un forum international de paix organisé par la Suisse pourrait contribuer de manière décisive à la résolution du conflit, permettre le retour des personnes déplacées et contribuer ainsi à la stabilisation de toute la région.
« La Suisse a une occasion unique d’utiliser son rôle éprouvé de médiateur neutre pour initier un dialogue constructif entre les parties en conflit. Un tel engagement ne perpétuerait pas seulement la tradition humanitaire de la Suisse, mais renforcerait également sa position en tant que partenaire fiable dans la diplomatie internationale », indique le texte de la motion.
La motion devra être soumise au vote.
par capucine le jeudi 17 octobre 2024
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